J’ai regardé il y a peu 3 petits documentaires sur 3 photographes français : Pierre-Jean Amar,
Georges Fessy et Denis Brihat. Je les ai trouvé tellement inspirants que
j’ai eu envie de partager ici quelques-unes de leurs paroles, et de vous donner
envie d’aller les regarder si ce n’est pas déjà fait. Ils font chacun environ
30 mn et sont disponibles sur Youtube :
Attention, avalanche de
citations à suivre, que j’ai essayé d’organiser par thèmes. Si vous faites de la photo depuis un moment déjà, vous verrez que ce sont des basiques de la pratique photo, mais précisément, ce sont des basiques donc les rappeler ne fait pas de mal, surtout lorsqu'ils sont reformulés par des photographes qui vraiment ont de la bouteille.
Notre œil propre constitue
la valeur ajoutée d'une photo, par-rapport au réel
Denis Brihat voit de la poésie dans un pissenlit, cette poésie il essaye de la restituer dans ses photos :
« Je n’ai pas la vision
des très grandes choses, j’ai une vision assez restrictive, restreinte,
d’ailleurs un de mes amis […] m’a dit que j’avais un regard de schizophrène,
qui regarde de près … et de manière très précise ».
Denis Brihat |
George Fessy explique son état d'esprit lorsqu'il réalisait ses commandes de photo d'architecture :
« Je voulais aller
au-delà de ce que je vois, qu’est-ce que je vais pouvoir extraire de cette
chose-là… c’est une approche à la fois physique… et puis, y’a tous mes
antécédents, tout ce que j’ai vu en matière de peinture … je me suis
fabriqué l’œil ».
Georges Fessy |
Pierre-Jean Amar dit quand il raconte sa décision de prendre en photo son fils
jusqu’à ses 20 ans :
« J’ai décidé de
photographier mon fils et sa vie comme un photographe et pas uniquement comme
un papa… c’était ça la grande difficulté… essayer d’avoir une vraie vision de
ces scènes que nous partageons tous, mais que très souvent on ne photographie
pas de manière pertinente ».
Pierre-Jean Amar |
Le travail, la persévérance
Denis Brihat :
« Lucien Lorelle
[…] m’avait donné le conseil le plus merveilleux de l’époque, c’était ‘grille du
film’, en d’autres termes, c’est en forgeant qu’on devient forgeron ».
George Fessy lui parle d’une « observation
forcenée », d’un « phénomène d’appropriation » du sujet, il
dit du sujet « c’est ma chose et j’irais jusqu’au bout », « il y a un
engagement physique, je creuse du regard ». Il dit aussi : « J’avais des prétentions
qui se sont envolées par la suite » « maintenant, 50 ans après, je me
sens pratiquement mûr pour faire de la bonne photo » (ça déstresse non ? )
Enfin Pierre-Jean Amar :
« La grande difficulté
d’un photographe, c’est ce que disait Willy Ronis dans un très beau texte qu’il
a écrit dans les années 60, il faut avoir ce que lui a appelé la vision globale,
c’est à dire être capable au moment où on fait une photographie, d’être
conscient de tout … voir à la fois le cadrage, la lumière, l’intérêt du sujet,
l’instant décisif, éliminer en hors champ tout ce qui n’est pas nécessaire à l’image, choisir le bon
objectif, choisir la bonne position dans l’espace ».
L’importance de la peinture
Fessy est un grand amateur
très éclairé de peinture « une fois à Paris, pratiquement tous les
dimanches une année ou deux, j’étais au Louvre à arpenter les galeries ».
Amar a commencé par peindre. Brihat dit carrément qu’une photographie n’est ni plus ni
moins qu’une peinture…
Il y a en effet de nombreux
points communs entre peinture et photographie, et les peintures des grands
maîtres sont un excellent moyen d’éduquer notre regard… Et, il faut les voir en
vrai, car en miniature sur internet, le choc n’est… pas le même haha.
La dramaturgie du noir & blanc, la dramaturgie de la couleur
Pierre-Jean Amar
« J’aime beaucoup
photographier dans des lumières plutôt dures parce que j’aime ce que crée le
système d’ombre, c’est à dire des parties de l’image dans lesquelles on ne voit
rien, on peut tout imaginer, en plus […] les noirs photographiques sont souvent
d’une très grande force visuelle, et lorsqu’ils sont en opposition avec les
grandes lumières, il y a un jeu entre les deux qui fait que visuellement, on peut
avoir un choc ».
« Si en couleur on met un
rouge et un vert à côté on a plus besoin de créer un jeu d’ombre, parce qu’il y
a déjà une telle force entre les deux couleurs, alors que dans le N&B si on
photographie du rouge et du vert ça fait du gris et puis c’est le même donc c’est
pas très intéressant ».
Pierre-Jean Amar |
Et pour conclure, dernière citation :
« Quand on a la passion
de la photographie, on la conserve toute sa vie, et surtout on fait des photos,
même quand on n’a pas d’appareil au bout de sa main. » De Pierre-Jean Amar.
Voilà, n’hésitez pas à réagir,
je n’attends que ça ^_^ !
Et, une ptite photo de ma récolte d'hier (en fait, la seule qui soit "montrable")(haha)
Wazemmes, place d'Oujda |
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